Le soleil, ami ou ennemi ? Thérapie par le soleil

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Le soleil, ami ou ennemi ? Thérapie par le soleil

Introduction

Vivre au vert, prendre l’air, pratiquer une activité physique en extérieur, être en contact avec les éléments, marcher pieds nus, respirer, manger ce que nous offre la nature en toute simplicité, voici une liste non exhaustive de conseils en hygiène vitale qui participent à construire notre santé. On pourrait y ajouter : prendre des bains de soleil. On peut effectivement ressentir un certain bien-être lorsque les rayons du soleil pénètrent notre peau. Un rayon de soleil surgit et immédiatement les parcs en ville se remplissent, les plages deviennent un lieu de rendez-vous dès que le ciel est bleu et que le soleil peut rayonner. Le soleil, synonyme de teint halé et de vacances réussies est aussi parfois une source de symptômes divers tels que les irritations de la peau ou les brûlures. Toutes les 14 secondes, un cancer de la peau est diagnostiqué dans le monde. Un phénomène paradoxal car le soleil peut aussi guérir certaines maladies de peau. Ainsi, on peut se poser la question suivante : le soleil est-il notre ami ou notre ennemi ? Existe-t-il une façon de profiter de ses bienfaits sans ses inconvénients ?

Le soleil, un remède naturel pour les médecins hygiénistes du début du XX° siècle

Depuis l’histoire de la médecine, les techniques et les remèdes ont toujours beaucoup évolué. Certains médecins concevaient la maladie comme l’ensemble des symptômes mécaniques d’un corps qui se dérégule, d’autres voyaient le symptôme comme un effort du corps pour rétablir un état de santé, retrouver l’équilibre. Au XIX° siècle, un courant de médecine hygiéniste naturiste est né. Elle combinait des règles d’hygiène de vie, un rapprochement avec la nature et la tolérance pour des remèdes naturels, non pas pour lutter contre les symptômes mais plutôt pour les favoriser. Le médecin hygiéniste naturiste faisait appel aux forces de la nature et se plaçait en tant que commis de celle-ci pour aider l’organisme malade à activer des mouvements de nettoyage. Cette approche originale était pratiquée par les médecins qui préféraient préconiser aux malades un environnement plutôt qu’un remède. Fin du XIX° et début du XX°, on voit naitre alors une culture du corps exposé au soleil, le plus nu possible, avec ce que l’on appelait le minimum, c’est-à-dire un léger bout de tissu qui cachait les parties génitales, afin que le soleil puisse couvrir au maximum la peau de l’individu en quête de régénération. L’héliothérapie, largement pratiquée en Allemagne, s’est aussi développée en France à partir des années 20 avec notamment Heliopolis, un domaine privé sur l’île du levant, dans le sud de la France, où les frères Durville, médecins hygiénistes naturistes, invitaient leurs patients à venir prendre des bains de soleil, tout en pratiquant une hygiène vitale globale, leur permettant de recouvrer la santé. L’héliothérapie était une pratique prodiguée par de nombreux médecins de l’époque.

Les bienfaits de la vitamine D, immunité, solidité des os, antidépresseur naturel

Notre corps réagit et se construit grâce aux rayons du soleil. Lorsque notre peau est en contact avec les rayons UV, ils activent la provitamine D qui se transforme en vitamine D dans notre organisme grâce à l’action du bon cholestérol. Cette vitamine est un trésor pour notre système immunitaire qui nous défend des éléments pathogènes. Elle participe aussi à la fixation du calcium et du phosphore dans les os, assurant ainsi leur solidité. Le British Journal of psychiatry a publié une étude qui démontre qu’une carence en vitamine D entraine un risque de dépression deux fois supérieur. Le soleil joue donc un rôle dans notre bien-être psychique. Agirait-il comme un antidépresseur naturel ?

 

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Le soleil mal pratiqué : coups de soleil, irritations, allergies, cancers

Le soleil est donc une source puissante d’énergie bénéfique à notre santé, à la seule condition de savoir s’y exposer. Il est important d’être sensible à notre ressenti, de connaitre notre limite d’exposition, de savoir réagir en cas de dépassement de notre zone de confort. Des abus et des expositions trop longues sans transition peuvent entrainer de multiples troubles cutanés tels que les coups de soleil, les irritations, les allergies (lucite). De nombreux individus n’appliquent pas les recommandations liées à l’exposition au soleil et c’est la raison pour laquelle on voit apparaître de nombreuses pathologies cutanées dont une recrudescence des cancers. Notre peau a un système de défense aux « agressions » qui doit être renforcé, tout comme le muscle qui devient plus résistant avec la pratique de l’activité physique. Il s’agit donc d’un entrainement, de transitions, de savoir reconnaitre les signaux d’alerte qui nous informent de stopper l’exposition solaire.

Doit-on se protéger ? Quelle protection est la meilleure ?

Paradoxalement, les pics de cancers de la peau sont apparus avec l’apparition des crèmes solaires. Outre la toxicité de certaines cosmétiques chimiques, cette recrudescence peut aussi s’expliquer par le fait que l’on peut se sentir protégé par une crème et donc être moins attentifs aux signaux d’alerte ou encore penser que la simple application d’un écran solaire suffit à protéger notre peau. Mais cela n’est pas si simple. En fonction de la pigmentation de notre peau et de l’intensité des rayons UV, il faudra adapter le niveau d’écran solaire et en appliquer régulièrement tout au long de l’exposition. Cela dit, cette méthode n’est pas la plus responsable. L’approche la moins interventionniste et la plus hygiéniste serait de s’exposer tout au long de l’année, chaque jour un petit peu. Et d’être capable de ressentir que si la peau brûle ou devient rouge, c’est qu’elle a besoin de repos et qu’il est important de stopper l’exposition. Avec cette méthode, la transition est douce, l’adaptation de notre peau aux rayons solaires n’en sera que meilleure. En attendant le signal informant du besoin de couvrir son corps d’un vêtement qui fera barrière au soleil ou tout simplement en profitant de l’ombre d’un arbre ou d’une ombrelle, on pourra donc s’exposer dans la limite de notre capacité adaptative et augmenter petit à petit notre résistance aux UV.
Ce mécanisme est aussi valable pour les yeux et leur résistance à la luminosité. Nous ne sommes pas nés avec des lunettes de soleil et nous devrions limiter leur utilisation pour mieux nous adapter. Évidemment, si l’exposition est extrême (réverbération de la lumière sur la neige ou sur l’eau), il est conseillé de porter des lunettes de soleil. Toutefois, s’il s’agit uniquement d’une recherche de confort, il serait alors plus intéressant (et plus hygiéniste) de nous en passer afin que nos yeux puissent s’adapter à la luminosité plutôt que de tenter de s’en protéger. Parfois, une simple visière peut suffire à protéger les yeux du rayonnement néfastes des UV sans en modifier la luminosité, ce qui n’est pas le cas des verres solaires qui sont un leurre pour l’organisme

 

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Que faire en cas de coups de soleil ?

En cas de symptômes dus à une exposition qui a dépassé notre capacité adaptative, il conviendra avant tout de ne plus s’exposer au soleil jusqu’à ce que l’on ressente le besoin ou l’envie d’une nouvelle exposition. Pour stopper la brûlure de la peau, il est conseillé de plonger dans un bain froid ou de prendre une douche froide car la fraicheur de l’eau permettra d’apaiser le feu. Ensuite, nous pourrons utiliser des outils naturels empruntés à la phytothérapie, comme l’utilisation de l’huile végétale de millepertuis, de l’huile essentielle de lavande aspic ou encore de gel d’aloe vera. Ces remèdes naturels nécessitent des précautions d’emploi, en particulier le macérat huileux de millepertuis qui doit s’appliquer sur peau humide pour une meilleure absorption et au minimum 6 heures avant toute nouvelle exposition au soleil. Il est donc préférable de l’utiliser le soir en guise de lotion apaisante et de profiter de son action tout au long de la nuit. 2 à 6 gouttes d’huile essentielle de lavande aspic peuvent y être ajoutées, appliquées seulement sur la zone endommagée ou sur l’ensemble du corps. Elle apaisera le feu de la brûlure. Il est recommandé aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 6 ans de personnaliser les soins et la posologie. Pour plus de détails, il est important de demander conseil à votre naturopathe, phytothérapeute ou médecin. L’aloe vera est une plante certainement plus accessible et sans contre-indication majeure, adaptée à tout type de profils. Elle se trouve sous forme de gel en magasin bio ou peut-être prélevée directement des feuilles de la plante, desquelles on récupère le gel que l’on applique sur la peau afin d’apaiser les brûlures.

Prévention par la nutrition

L’alimentation joue un rôle majeur dans la nutrition de la peau et donc dans sa résistance au soleil. Lorsque notre hygiène alimentaire accorde une part importante aux fruits frais, mûrs et de saison, que chaque repas comprend une abondance de légumes frais, de crudités, en particulier de couleur orange telles que les carottes, riches en bêtacarotène, que l’on consomme des oléagineux préalablement trempés, comme des noix par exemple, on apporte alors une abondance de nutriments favorisant la protection et le renforcement de la peau. A l’inverse, une alimentation riche en produits animaux, en aliments raffinés, transformés et trop cuits, oxyde l’organisme et limite notre résistance aux rayons UV. L’équilibre alimentaire est donc aussi une clé pour profiter des effets bénéfiques du soleil en limitant les dangers.

Le sungazing, ou observation solaire

Un Indien du nom de Hira Ratan Manek a modernisé un protocole ancestral d’observation du soleil permettant de nourrir nos milliards de cellules par la régénération de la glande pinéale. Pour cela, il propose de regarder fixement le soleil sans lunette de protection, aux heures sûres, c’est-à-dire durant l’heure suivant l’aube et le crépuscule, en prenant soin de vérifier l’éphéméride local. Il s’agit d’un protocole qui peut mettre 9 mois à être complètement réalisé et qui consiste, dans les grandes lignes, à augmenter de 10 secondes chaque jour l’observation solaire, jusqu’à 44 minutes au total après plusieurs mois de pratique. Cette technique apporte déjà des améliorations de santé globales après seulement quelques minutes de pratique quotidienne.

Conclusion

Le soleil n’a pas délivré tous ses secrets. Devrions-nous penser qu’il s’agit plutôt de notre corps humain qui ne sait pas encore à quel point le soleil peut être nourricier ? Depuis la nuit des temps, les peuples premiers célèbrent le soleil. Des cérémonies ancestrales aux salutations du soleil dans la pratique yogique, il a toujours été une source divine d’énergie. Si la naturopathie préconise 10 techniques naturelles, l’une d’entre elles prend en compte les rayonnements naturels tels que ceux du soleil. On parle aussi d’actinologie. Le soleil nécessite d’être compris. Il est important que l’on sache comment se présenter à lui. C’est une relation qui se crée en fonction de notre capacité à écouter notre corps, à entendre les signaux, les messages qu’il nous envoie. Notre relation au soleil est intimement liée à nos capacités adaptatives. Il s’agira de s’acclimater, de s’adapter en douceur, dans le respect de notre corps et de ses réactions.

Marine Le Ray et Julien Allaire

Marine Le Ray, fondatrice de Vitali Formation, école de naturopathie hygiéniste
www.vitaliformation.com

Julien Allaire iridologue naturopathe, coordinateur pédagogique chez Vitali Formation
www.julienallaire.com

Retrouvez cet article dans votre Biocontact – juillet-août 2022 n°336

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