REVOIR SES CROYANCES

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REVOIR SES CROYANCES

Le petit déjeuner est-il vraiment le repas le plus important de la journée ?

Depuis des décennies, les parents croient bien faire en obligeant les enfants à petit déjeuner le matin. Est-ce qu’ils ont raison ? Tartines et bol de lait sont-ils indispensables pour des enfants en pleine croissance ? C’est une question récurrente qui ne date pas d’hier.

Depuis longtemps, le traditionnel petit déjeuner français préoccupe les diététiciens et naturopathes. Le solide petit déjeuner est plus que nécessaire pour certains. Yaourt aux fruits, céréales sucrées, lait de vache ou boissons végétales, pain nappé de confiture ou de pâte à tartiner, les menus sont assez peu variés et parfois difficiles à avaler, car les enfants n’ont souvent pas d’appétit au réveil. Commencer l’école avec le ventre vide, c’est inconcevable pour bon nombre de parents, les poussant à trouver des subterfuges pour obliger leurs enfants à terminer leurs tartines, pensant que les journées sont longues et qu’il leur faut quelque chose qui les tienne en forme le plus longtemps possible. Pourtant, si un enfant n’a pas faim le matin, c’est loin d’être si dramatique. Certains naturopathes et nutritionnistes préfèrent respecter l’appétit de l’enfant. Si vraiment il n’a pas faim au petit déjeuner, et si tout se passe bien jusqu’au déjeuner, ce qui est le cas le plus fréquent, il faut respecter ce choix, il n’y a absolument aucun risque, quoi qu’en disent certains praticiens. L’important pour l’enfant, c’est de respecter un équilibre alimentaire sur la journée entière.

Un peu de physiologie

La nuit est l’occasion pour notre tube digestif de se reposer : une pause nécessaire pour compenser l’énergie qu’il va devoir dépenser en journée. Notre organisme en profite pour se nettoyer ; sang et humeurs se débarrassent des toxines et déchets. Ne pas manger au réveil permet de prolonger le jeûne nocturne, et donc l’élimination et le repos digestif. Attendre une réelle faim pour rompre le jeûne augmente la détox et la vitalité de l’organisme.

Le petit déjeuner donne-t-il de l’énergie ?

L’énergie d’un repas n’est disponible qu’une fois le bol alimentaire complètement digéré. Et malgré les croyances, manger et digérer fatiguent, car le système digestif va devoir s’activer pour extraire les nutriments des aliments ingérés : brassage du bol alimentaire dans l’estomac, péristaltisme (mouvements) de l’intestin, assimilation et transformation des aliments pour leur absorption… ce long processus digestif est énergivore.

Comment gagner en énergie ?

L’énergie vitale qui fait circuler en nous la force de vie est fabriquée sur les temps de repos de l’organisme. Puis elle est dépensée à chaque mouvement du corps et de l’esprit. En effet, penser, se déplacer, digérer, régénérer les tissus abîmés de notre organisme, ou toute activité du corps humain, pompe les réserves d’énergie. La circulation sanguine ou encore l’élimination des toxines ne peuvent se faire qu’avec cette énergie vitale. Seulement, les dépenses d’énergie empêchent sa fabrication et son accumulation dans nos « batteries ».

Car seuls les trois repos hygiénistes permettent la recharge de l’énergie vitale : le repos physique en position allongée, le repos mental dans le silence et sans agitation, et le repos physiologique avec le jeûne, ou repos digestif. La nuit est le royaume du silence, nous dormons en position allongée et nous jeûnons. Nous pratiquons bien ces trois repos, et nous sommes censés nous réveiller avec des batteries bien rechargées. Dans la journée et au rythme de nos dépenses, la batterie se consumera jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau déchargée, alors le corps aura besoin de nouveaux repos pour se recharger. Chaque activité physique ou mentale et chaque aliment consommé dès le petit déjeuner dépenseront l’énergie que nous avons accumulée pendant la nuit. Et nos modes de vie modernes sont particulièrement énergivores. Alors nous avons besoin d’augmenter notre repos en journée. Comment ? Avec de simples temps de sieste, de pratique de silence ou méditation, et de temps de jeûne, donc de repos digestif.

Petit déj’… ou pas ?

Puisque le repos digestif permet d’augmenter l’énergie vitale, alors il peut y avoir des bénéfices à ne pas petit déjeuner ou plus simplement à retarder l’heure de la première collation de la journée. C’est ce que l’on appelle le fasting, ou la pratique du jeûne intermittent. Repousser le petit déjeuner, attendre d’avoir une réelle faim pour sortir du jeûne de la nuit permet de gagner en énergie. Le tube digestif est tellement sollicité par nos repas quotidiens – déjeuners, goûters et dîners – pas toujours adaptés aux besoins physiologiques, que lui offrir la possibilité de se reposer un peu dès le matin peut être une solution intéressante pour pallier la fatigue chronique.

Petit déjeuner ou attendre le déjeuner ?

Le déjeuner est considéré comme le repas du midi, mais il devrait – comme son nom l’indique – être le repas qui nous sort du jeûne de la nuit ; le « dé-jeuner » : sortir du jeûne. Seulement, dans les habitudes de beaucoup d’individus il y a déjà une consommation d’un premier repas qui fait sortir du jeûne, le petit déjeuner, puis une collation dans la matinée. On se rend alors compte que le déjeuner censé nous sortir du jeûne à midi est parfois le troisième repas de la journée.

Que manger en cas d’envie de petit déjeuner ?

Est-ce que les corn-flakes, le lait animal ou les boissons végétales sont des aliments adaptés en cas de faim dès le matin ? Les archives de l’INA nous apprennent que le petit déjeuner habituel des enfants en 1972 était composé d’un café avec un peu de lait et de tartines. Les modes alimentaires évoluent, le café ne fait plus partie des boissons de petit déjeuner pour les enfants, mais tartines et céréales, oui. Ce sont des aliments qui apportent peu d’énergie constructive et qui en dépensent beaucoup pour leur digestion, car trop riches en sucres de mauvaise qualité. Certains préfèrent manger gras ou protéiné, fromage, œuf, charcuteries, mais ces aliments demandent de longs processus digestifs et fatiguent immédiatement l’organisme. D’autres préfèrent consommer un Miam-Ô-Fruit, petit déjeuner préconisé par France Guillain, composé de fruits, de graines et d’huile végétale. Il peut être un petit déjeuner de transition, intéressant pour éviter de manger des aliments non adaptés aux besoins physiologiques, tout en ayant une collation rassasiante avec des aliments non transformés.

Cependant, il serait intéressant d’attendre d’avoir une réelle faim pour manger des fruits, en attendant le déjeuner. Les fruits peuvent être emportés et mangés à tout moment afin de soulager une éventuelle sensation de faim. Les fruits consommés en dehors des repas classiques sont bien digérés et apportent toute l’énergie nécessaire sans alourdir la digestion. Pourquoi ? Parce que leurs fibres sont justement faciles à digérer. Elles permettent de baisser la charge glycémique, donc le sucre des fruits n’entraînera pas de troubles de la glycémie. Le rapport entre l’énergie perdue pour leur digestion et l’énergie gagnée est excellent, et mangés seuls, c’est-à-dire non combinés avec d’autres aliments, ils ne fermenteront pas. En effet, les fruits devraient être consommés seuls car, se digérant vite, il y aurait un conflit digestif avec tous les autres aliments qui nécessitent des temps de digestions plus longs.

Alors que choisir ?

Prendre un petit déjeuner ou pas est aussi une question de choix, de ressenti, ou encore d’objectif à atteindre. Pour les enfants ou les adultes, il est important de respecter les rythmes biologiques de chacun, et de ressentir ce qui est le plus adapté. Nous avons tous des modes de fonctionnement différents, qui peuvent varier en fonction des saisons, des envies, de l’environnement dans lequel on évolue. Alors stop aux croyances et place au ressenti.